Les théories de l’innovation

Joseph Schumpeter : entre invention et innovation

Joseph Schumpeter distingue l’invention et l’innovation dans ses recherches. Pour lui, l’invention est la découverte de nouvelles connaissances scientifiques et techniques. Alors que l’innovation est « la commercialisation de toute nouvelle combinaison issue de nouveaux matériaux et composants, l’introduction de nouveaux process, l’ouverture de nouveaux marchés ou l’introduction de nouvelle forme organisationnelle ». L’innovation revient le plus souvent à détenir une position favorable dans son domaine, et sa diffusion permet l’obtention de droits commerciaux qui techniquement permettent à l’entrepreneur de disposer d’un monopole.

D’autres entrepreneurs attirés par le gain essaient d’imiter l’innovation, de manière directe si elle n’est pas protégeable et protégée, ou de manière créatrice lorsqu’elle est protégée. Elle ne concerne donc pas que la mise au point de nouveaux produits, mais couvre également des domaines aussi variés que les méthodes de vente de distribution, de marketing, de packaging, de design, des méthodes de production, des systèmes d ‘organisation et les services.

A la suite de J. Schumpeter, la plupart des théories distinguent deux grands types d’innovation :

  • L’innovation de rupture, qui correspond à la création et à la mise sur le marché de produits, processus ou de services radicalement nouveaux.
  • L’innovation incrémentale, qui consiste à introduire de petites améliorations pour augmenter les performances d’un produit ou réduire les coûts de production, sans changer fondamentalement les habitudes du client.

Le critère minimum pour qu’un changement apporté aux produits ou aux fonctions d’une entreprise soit considéré comme une innovation est qu’il doit être nouveau ou entraîner une nette amélioration. Le principal impact de l’innovation sur l’activité économique résulte de sa diffusion auprès d’autres acteurs. Par « diffusion », on entend la manière dont les innovations se répandent, par l’intermédiaire des mécanismes du marché ou autrement, chez une clientèle ou dans des pays, régions, secteurs et marchés. Sans diffusion, une innovation n’aura pas d’incidence économique

Everett Rogers : diffusion de l’innovation

La théorie de la diffusion de l’innovation proposée en 1962 par Everett Rogers explique comment une invention évolue au stade d’innovation. D’après E. Rogers, il existerait 5 principes qui détermineraient la diffusion d’une innovation :

  1. Avantage relatif : est le degré auquel une innovation est perçue comme étant meilleure que celles qui existent déjà. Il n’est pas nécessaire que cette innovation possède beaucoup plus d’avantages que les autres, mais ce qui est important, c’est que l’individu la perçoive comme étant plus avantageuse. Plus est perçu l’avantage relatif d’une innovation, plus vite sera son taux d’adoption.
  2. Compatibilité : est une mesure du degré auquel une innovation est perçue comme étant conforme par rapport aux valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques sociales et normes des utilisateurs. Une idée qui serait incompatible avec les valeurs et normes actuelles prendrait plus de temps à être adoptée qu’une innovation compatible. De même, dans certains cas, l’adoption d’une innovation compatible, nécessitera l’adoption au préalable d’un nouveau système de valeur, ce qui peut prendre un temps considérable.
  3. Complexité : est une mesure du degré auquel une innovation est perçue comme étant difficile à comprendre et à utiliser. Les nouvelles idées qui sont simples à comprendre vont être adoptées beaucoup plus rapidement que d’autres, qui nécessitent de développer de nouvelles compétences avant de pouvoir les comprendre.
  4. Testabilité : consiste en la possibilité de tester une innovation et de la modifier avant de s’engager à l’utiliser. L’opportunité de tester une innovation va permettre aux éventuels utilisateurs d’avoir plus de confiance dans le produit, car il aura eu la possibilité d’apprendre à l’utiliser.
  5. Observabilité : est le degré auquel les résultats et bénéfices d’une innovation sont clairs. Plus les résultats de l’adoption de l’innovation seront clairs et plus les individus l’adopteront facilement.

Chacun de ces principes pris seul n’est pas suffisant pour prédire l’adoption d’une innovation, mais des études ont démontré qu’une combinaison de ces principes résulterait en de plus grandes chances d’adoption de l’innovation que si les principes ne sont pas pris en compte.